Granulome pyogène (CIM-10 : L98) ⚠️

Granulome pyogénique (granulome télangiectasique, botriomycome, hémangiome de type tissu de granulation, hémangiome capillaire lobulaire, angiome éruptif, hémangiome inflammatoire)

Le granulome pyogénique est une tumeur bénigne caractérisée par la prolifération localisée de capillaires sanguins, souvent en réponse à une lésion externe. Ce type de néoplasme se présente sous la forme d’une petite lésion surélevée, rouge vif, dont la taille et la forme peuvent varier. Les granulomes pyogéniques se trouvent couramment dans diverses parties du corps, notamment les muqueuses, la conjonctive et même la cornée. Ces lésions sont plus fréquentes chez les jeunes et les femmes enceintes en raison des changements immunitaires et hormonaux qui peuvent influencer leur formation.

Facteurs prédisposants

La cause exacte des granulomes pyogéniques n’est pas bien définie. Si les blessures étaient auparavant considérées comme la cause principale, des recherches récentes montrent que seulement 25 % de tous les granulomes pyogéniques sont liés à des blessures. Il existe de nombreux facteurs prédisposants potentiels, notamment :

  • Maladies infectieuses de la peau : les infections qui touchent la peau peuvent augmenter le risque de formation de granulomes pyogéniques.
  • Dermatoses : les affections cutanées chroniques peuvent créer un environnement propice au développement de ces lésions.
  • Grandes surfaces brûlées : Les brûlures étendues peuvent endommager la peau et entraîner la formation de granulomes pyogéniques dans le cadre du processus de cicatrisation.
  • Utilisation de contraceptifs oraux : Les changements hormonaux dus à l’utilisation de pilules contraceptives peuvent déclencher l’apparition de granulomes pyogéniques.
  • Inhibiteurs de protéase : Certains médicaments, tels que les inhibiteurs de protéase, peuvent augmenter le risque de développer des granulomes pyogéniques.
  • Traitement de l’acné par isotrétinoïne : L’utilisation de l’isotrétinoïne, un traitement courant de l’acné, a été associée à un risque accru de granulomes pyogéniques.
  • Grossesse : Les fluctuations hormonales pendant la grossesse, telles que l’augmentation des facteurs de croissance, peuvent entraîner le développement de granulomes pyogéniques.

Diagnostic

Le diagnostic d’un granulome pyogénique repose généralement sur un examen clinique approfondi, qui comprend une inspection visuelle de la lésion et une évaluation dermatoscopique.
En cas de suspicion de malignité ou si la lésion est anormalement grande, une biopsie peut être nécessaire pour un examen plus approfondi.

Symptômes

À l’examen visuel, les granulomes pyogéniques se présentent sous la forme d’une excroissance hémisphérique ou en forme de dôme qui s’élève au-dessus de la peau sur un pédicule court et large. Le plus souvent, ces excroissances sont symétriques, de forme ovale ou ronde. La texture de la surface du granulome peut différer de celle de la peau environnante, apparaissant parfois lisse ou lobée, ressemblant à des framboises. Le granulome peut avoir un aspect brillant ou « humide » en raison de la présence d’une érosion mineure ou de croûtes. Si le granulome est blessé, il peut saigner facilement, et les granulomes plus gros qui s’infectent peuvent former une plaque purulente avec des zones de nécrose.

Les limites des granulomes pyogéniques sont généralement bien définies, mais peuvent être irrégulières dans les lésions plus étendues. La couleur du granulome est souvent rouge vif, mais il peut apparaître cyanotique (bleu ou violet) ou même jaune ou gris en présence de matière purulente ou de tissu nécrotique. Lorsque l’on appuie sur le granulome, la couleur rouge s’estompe temporairement.

Les poils ne poussent pas dans la zone d’un granulome pyogénique. Cependant, dans certains cas, des poils grossiers peuvent pousser au centre de la lésion, en particulier dans les formes congénitales ou les granulomes de grande taille.

La taille des granulomes pyogéniques varie généralement de 3 à 15 mm. Les lésions de plus de 15 mm sont plus rares et sont souvent associées à des maladies systémiques sous-jacentes ou à des états d’immunodéficience. Le granulome se développe rapidement, atteignant souvent un diamètre de 1 à 1,5 cm en peu de temps. Sa hauteur ne dépasse généralement pas 5 mm. Une régression spontanée est rare, mais peut se produire, en particulier chez les femmes enceintes après l’accouchement.

À la palpation, les granulomes pyogéniques sont mous et élastiques, sans sensibilité. Après infection, le granulome peut devenir douloureux. Il n’y a généralement pas de symptômes subjectifs, sauf si le granulome est blessé ou infecté.

Ces lésions se trouvent le plus souvent sur les mains et les pieds, en particulier sur les surfaces palmaires et plantaires des doigts, où les blessures et le contact avec des corps étrangers sont plus fréquents.
Les granulomes pyogéniques peuvent également apparaître près des ridules des ongles (par exemple à cause d’ongles incarnés) ou sur le visage. Plus rarement, ils peuvent apparaître sur les muqueuses, en fonction de facteurs prédisposants tels que des brûlures, des escarres ou des traumatismes physiques.

Description dermatoscopique

L’examen dermatoscopique d’un granulome pyogénique révèle les caractéristiques suivantes :

  • Rigidité et remplissage : ces signes indiquent l’élasticité du granulome. Lorsqu’il est comprimé, le granulome pâlit et diminue de taille. Une fois la pression relâchée, la lésion reprend sa couleur et sa forme d’origine.
  • Caractéristiques vasculaires : un grand nombre de petits espaces vasculaires rouge vif sont visibles, indiquant le réseau de vaisseaux sanguins à l’intérieur de la lésion.
  • Absence de réseau vasculaire : Dans certains cas, le réseau vasculaire peut être absent ou apparaître sous forme de lacunes irrégulières.
  • Poils blancs : Ils représentent les zones où le granulome est en cours de nécrose ou de lésion.
  • Ulcération superficielle : Certaines zones du granulome peuvent présenter une ulcération superficielle, en particulier si la lésion a subi un traumatisme.

Diagnostic différentiel

Les granulomes pyogéniques doivent être différenciés d’autres lésions cutanées présentant des caractéristiques similaires, notamment :

  • Maladies dermatologiques (telles que le pyoderma)
  • Nævus de Spitz
  • Tumeurs glomiques
  • Kératacanthome
  • Carcinome basocellulaire
  • Carcinome épidermoïde
  • Mélanome (en particulier les formes non pigmentées)
  • Angiosarcome
  • Sarcome de Kaposi
  • Lymphome cutané

Risques

D’un point de vue oncologique, les granulomes pyogéniques sont sans danger et ne présentent pas de risque accru de transformation maligne. En l’absence de facteurs externes tels que traumatismes, rayons UV ou rayonnements ionisants, le risque de malignité reste comparable à celui d’une peau saine. Toutefois, en cas de modification notable de l’aspect du granulome, telle qu’une croissance rapide, une augmentation de la densité ou l’apparition de symptômes tels que démangeaisons ou douleurs, il convient de consulter un dermatologue ou un oncologue.

L’un des principaux risques associés aux granulomes pyogéniques est leur sensibilité aux blessures en raison de leur nature surélevée et délicate. Cela peut entraîner des saignements, des douleurs et des infections, qui peuvent compliquer davantage l’état du patient. Dans le cas de granulomes de grande taille, les saignements peuvent être difficiles à gérer sans intervention médicale.
De plus, comme certaines tumeurs malignes peuvent ressembler à des granulomes pyogéniques ou se développer à proximité, il est important de procéder à un diagnostic différentiel rapide afin de s’assurer qu’aucune tumeur maligne n’est négligée.

Stratégies

Si un granulome pyogénique est détecté, il est recommandé de consulter un dermatologue ou un oncologue. Après avoir confirmé que la lésion est bénigne, il est possible d’évaluer la possibilité d’un traitement conservateur ou la nécessité d’un traitement. Les petits granulomes, en particulier chez les femmes enceintes, peuvent disparaître spontanément, et une simple observation peut suffire. Dans tous les autres cas, un traitement est généralement recommandé.

Pour les patients qui refusent le traitement, une surveillance active est essentielle. Cela comprend la documentation photographique de la lésion afin de suivre toute modification de son apparence. Les patients présentant plusieurs granulomes pyogéniques doivent consulter un dermatologue ou un oncologue au printemps et à l’automne (avant et après la saison estivale). La cartographie régulière des néoplasmes cutanés peut également faciliter l’observation et le suivi de toute lésion nouvelle ou modifiée.

Traitement

Le traitement le plus courant des granulomes pyogéniques est l’excision chirurgicale, qui consiste à retirer la lésion ainsi que la peau qui l’entoure. Cela peut être fait à l’aide d’une méthode d’excision classique ou à l’aide d’un scalpel électrique ou radio. Après l’ablation, un examen histologique est obligatoire pour confirmer que le granulome est bénin.

Si la nature de la lésion est confirmée et qu’il n’y a pas de doute, des traitements moins invasifs tels que la coagulation au laser, la cryodestruction (azote liquide) ou l’électrocoagulation (à l’aide d’un courant électrique) peuvent être utilisés pour les lésions plus petites.

Compte tenu de la nature vasculaire des granulomes pyogéniques, des saignements pendant l’ablation sont fréquents. Il est donc essentiel de procéder à une hémostase (contrôle des saignements) appropriée après l’excision.

Prévention

La prévention de l’apparition des granulomes pyogéniques passe par une approche minutieuse des soins de la peau et une prise en charge adéquate des blessures :

  • Éviter les traumatismes cutanés chroniques, tels que les frottements répétés ou les brûlures.
    Limiter ou éliminer l’exposition aux risques professionnels et aux facteurs environnementaux susceptibles d’endommager la peau.

  • Maintenir une bonne hygiène personnelle et se tenir informé sur la santé de la peau.
  • Traiter rapidement toute infection cutanée, y compris celles associées au HPV.

En outre, un examen régulier de la peau, la consultation rapide d’un spécialiste de la santé en cas de modification des lésions cutanées et l’ablation des néoplasmes potentiellement dangereux sont essentiels pour maintenir une bonne santé cutanée.